samedi 30 avril 2011

Syngué sabour : pierre de patience / Atiq Rahimi. - POL, 2008


Quelque part en Afghanistan ou ailleurs (tant la souffrance et le malheur sont ce qui se partagent le mieux…) dans une maison détruite par les bombes une femme veille son homme.

Dans un coin, gisant dans une sorte de coma, elle lui parle. C’est à partir de la qualité du silence qui lui est imposé, sans plus craindre, ni jugement ni sentence, qu’elle va s’autoriser, à la prise d’une parole, de plus en plus libératrice.

Tantôt avec colère ou jubilation, elle libère ce qu’elle avait jusque là contenu. Elle nous livre sa part d’indicible, qui s’apparente alors à une authentique déconstruction.

Elle nous donne à entendre le sort de toutes ces destinées, qui comme elle, bien que vivantes, n’existent pas… ailleurs que dans la croyance et la tradition… ailleurs que dans le désir et le vouloir des hommes.

Elle nous rend compte que dans cette société, où le vivre avec n’existe pas, les femmes ne peuvent devenir autres choses que ce qu’ils veulent bien qu’elles soient.

Elle nous renseigne, à quel point, ils sont dans l’exercice d’un pouvoir d’actions mortifères qui ne partage pas, là ou elles sont dans celui d’un devoir d’adoration exclusif qui ne se discute pas et dans lequel se mêle, respect et culpabilité, au nom de la quête illusoire d’une reconnaissance impossible.

"On ne peut plus dormir quand on a une fois ouvert les yeux" nous dit Paul Eluard, ce livre illustre son propos à merveille et devrait contribuer à réveiller la part d’humanité, tapie
en chacun de nous.
Jean Louis Bouteila, lecteur

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