Le Turquetto : roman / Metin Arditi. - Actes Sud, 2011 : Leméac, 2011

Ce titre "Le Turquetto" aurait été donné à un peintre vénitien par Le Titien.
Ce roman raconte l’histoire d’un enfant Elie né à Constantinople de parents juifs émigrés d’Espagne.
Cet enfant, fils d’employé du marché aux esclaves, s’enfuie le jour où son père meurt.
Nous sommes au XVI siècle en terre musulmane. Elie se passionne pour le dessin et la calligraphie, même si celui-ci en tant que juif n’a pas le droit de calligraphier : "dessins, peintures, sculptures sont des œuvres de païens lui rétorque le rabbin", "tu ne représenteras rien ni personne voilà ce que dit la Loi".
Elie rencontrera un pope à Constantinople qui admirera ses dessins et lui dira que Jésus est juif et qu’il pourra dessiner dans les églises orthodoxes ou dans des couvents.
Aussi une fois arrivée à Venise vers 1570 Elie se fera passer pour chrétien et accèdera à la reconnaissance par sa peinture. Il deviendra "Le Turquetto", et de tous les peintres de la ville, il était le plus grand, surpassant Le Titien.
Le lecteur, après une première partie à suivre l’enfance d’Elie dans le grand bazar de Constantinople, découvre, dans la 2^ème partie, la vie à Venise au XVI siècle.
"Le Turquetto" traitera avec les différentes congrégations religieuses qui passeront de nombreuses commandes d’œuvres pour les églises en construction.
Au-delà de l’histoire inventée de ce peintre dont "la main au gant" serait la seule œuvre qui nous resterait, ce roman nous plonge dans l’histoire de Venise et des principales congrégations religieuses, les querelles de pouvoir qu’elles tissent au détriment de l’art et du peuple.
Un livre qui se lit en quelques soirées tant l’écriture en est limpide et fluide, avec des dialogues mais pas trop, où le contexte historique est effleuré pour laisser au lecteur l’envie d’approfondir.
Béatrice, Espace adulte